Taux de défaut plateformes crowdlending

Faillite d’un des pionniers du crowdlending en France : conséquences pour les épargnants et pour le secteur

Article écrit le 21/20/2018

Unilend, un des pionniers en France du crowdlending, serait en cessation de paiement. Que risquent les épargnants et qu’est ce que cela signifie pour le marché du prêt participatif aux TPE-PME en France ?

Le développement des plateformes de prêt participatif aux TPE/PME

Les premières plateformes de crowdlending, ou prêt participatif aux PME, ont vu le jour en 2013. Parmi elles, on retrouve les leaders du marché d’aujourd’hui de par leur volume en collecte comme Lendix, Unilend, Lendopolis, Credit.fr.

Au lendemain de la crise économique et financière de 2008, ces plateformes ont répondu aux besoins à la fois des PME et des épargnants, à une époque où les banques avaient fermé le robinet des prêts aux PME et où la défiance des épargnants vis-à-vis des banques et des marchés financiers était à son paroxysme. Elles ont fait souffler un vent d’innovation, de transparence et de retour à l’économie réelle et tangible.

Selon le site Crowdlending.fr, 121 millions d’euros ont été prêtés par des particuliers à des PME par le biais des plateformes de financement participatif en 2017. Unilend y a contribué à hauteur 7,35 millions d’euros.

Unilend, première faillite sur le marché du crowdlending

Le 17/10, le site Crowdlending.fr a annoncé qu’Unilend « serait en cessation de paiement ». L’information a ensuite été confirmée par l’Agefi qui affirme que la plateforme « se trouve en procédure au Tribunal de commerce, en attente d’une nomination d’un liquidateur, avant une éventuelle reprise ou une liquidation. » Mais d’après Crowdlending.fr, sans repreneur, Unilend s’orienterait vers une liquidation pure et simple.

Que risquent les épargnants qui ont investi via la plateforme Unilend ?

Il resterait 12 millions d’euros à rembourser aux épargnants qui ont prêté aux PME via Unilend. Vont-ils pouvoir récupérer l’argent prêté ?

L’activité de la plate-forme Unilend est agréée auprès des autorités de régulation (ACPR et/ou AMF) en tant qu’IFP (intermédiaire en financement participatif) ou CIP (conseiller en investissement participatif). En clair, la plateforme n’est qu’un intermédiaire entre le prêteur et l’emprunteur et les flux ne sont pas gérés directement par la plateforme mais par un prestataire de service de paiement (PSP). Par conséquent, les remboursements des prêts continueront à être gérés par le partenaire. En théorie, les prêteurs devraient donc être remboursés comme prévu. En pratique, il est légitime de se demander qui procèdera au recouvrement si un emprunteur tarde à rembourser sa dette …

Qu’est-ce que cela signifie pour le marché du crowdlending en France ?

L’autre grande question que pose la faillite d’Unilend est celle de l’avenir du secteur et de sa capacité à être rentable.

En 2017, Unilend a levé 7,35 millions d’euros. Si l’on se réfère aux commissions affichées (4% des levées de fonds + 1% sur les encours restant à rembourser), cela représente un chiffre d’affaires d’environ 400 000 euros pour 16 collaborateurs …

Après 5 ans d’existence, le secteur se trouve à un moment charnière de son histoire.

Le marché français est encore loin des performances du marché anglais, référence en la matière, sur lequel le montant total prêté aux entreprises se chiffre en milliards de livres. En France, le crowdlending représente encore une goutte d’eau dans l’océan du marché de l’épargne (à titre de comparaison, l’assurance vie a collecte un centaine de milliards d’euros par an).

Les plateformes françaises doivent donc faire les bons choix pour accélérer leur croissance et devenir des acteurs significatifs du marché de l’épargne : faire les bons choix stratégiques, les bons choix d’investissement, trouver les bons alliés ou les bons partenaires financiers pour grandir. Et dans cette course à la croissance, chacun sa stratégie …

Par exemple, la plateforme Lendix donne la possibilité aux investisseurs institutionnels de participer au financement de projets de PME, aux côtés des particuliers, permettant ainsi à la collecte de croître plus rapidement.

Autre stratégie, jouer la complémentarité entre start-up et grand groupe : le grand groupe s’appuie sur la plateforme capable d’innovation, de souplesse et de réactivité et en échange lui donne accès à son réseau de contacts et de clients pour accélérer son développement. C’est dans cette perspective que le fonds d’investissement Tikehau a fait l’acquisition de Credit.fr et que la Banque Postale vient de s’offrir Lendopolis.

A suivre …