Assurance vie : avez-vous des obligations italiennes dans votre fonds en euros ?

Article écrit le 18/11/2018 – Par E Lebon – Crédit photo : Fotolia

Avec le taux d’endettement le plus élevé d’Europe juste derrière la Grèce et un taux de croissance en berne, la capacité de l’Italie à rembourser ses dettes pose question. Avez-vous des obligations italiennes dans le fonds en euros de votre assurance vie ? Si oui, quel est le risque ?

Pourquoi l’Italie inquiète ?

Avec un PIB de plus de 1 900 milliards d’euros en 2017, l’Italie est la troisième puissance économique de la zone euro, derrière l’Allemagne et la France, et la neuvième au niveau mondial.

Mais l’Italie, c’est aussi le ratio d’endettement le plus élevé d’Europe derrière celui de la Grèce : la dette italienne s’élève à plus de 2 300 milliards d’euros, ce qui représente 132% de son PIB. Le ratio a été multiplié par 2,5 en moins de 40 ans : il est passé de 54% en 1980 à 132% en 2017.

À cela s’ajoutent une productivité de plus en plus faible, une population vieillissante et un gouvernement populiste qui prône une politique de relance basée sur une aggravation du déficit public.

L’Italie est le pays le plus âgé au monde, juste après le Japon. Les plus de 60 ans sont désormais plus nombreux que les moins de 30 ans (entre 50 à 100 000 jeunes diplômés quittent le pays chaque année).

Alors que le taux d’endettement augmente depuis des années, la croissance reste faible : le taux de croissance moyen des pays de la zone euro est de 2.2%, celui de l’Italie a été de 1.4% en 2017 et est attendu autour de 1.2% en 2018.

Devant ce constat, on peut légitimement se poser la question de la capacité de l’Italie à rembourser ses dettes. Le pays peut-il faire défaut, comme ce fut le cas de la Grèce ?

Le taux d’emprunt d’État italien à 10 ans est aujourd’hui de 3.4% (0.3% pour l’Allemagne et 0.7% pour la France). L’évolution de ce taux est suivie de près par Bruxelles et par les agences de notation. Standard & Poor’s a récemment maintenu sa notation BBB pour l’Italie, mais a passé la perspective de stable à négative. L’agence Moody’s a déjà dégradé sa notation.

Votre fonds en euros contient-il des obligations italiennes ?

L’information n’est pas facile à obtenir … Tous les assureurs ne font pas preuve de la même transparence quand il s’agit de communiquer dans le détail la composition de leur fonds en euros. Une poignée d’entre eux jouent la transparence.

Ainsi, le fonds en euros de l’association d’épargnants AFER comporte 0,43% d’obligations d’État Italien. Suravenir Opportunité, fonds en euros du Crédit Mutuel Arkea, comporte 0,94% d’obligations italiennes (obligations d’État, corporate et financières).

Chez BNP Paribas Cardif, le fonds en euros est composé de 4,8% d’obligations d’État notées BBB (Italie et Portugal)

Le fonds en euros d’Apicil comporte quant à lui 11,3% d’obligations italiennes (obligations d’État et privées)

Quel risque si votre fonds en euros contient des obligations italiennes ?

En France, la loi Sapin 2 autorise le HCSF (Haut Comité de Sécurité Financière), si la situation l’exige, comme une crise financière grave par exemple, à imposer à une compagnie d’assurance vie la mise en place de mesures temporaires comme par exemple :

  • limiter la possibilité de faire des versements sur le fonds en euros
  • suspendre ou restreindre la possibilité de retirer l’épargne
  • limiter la distribution de dividendes

 

Lors de la crise Grecque, les compagnies d’assurance vie avaient compensé le défaut de la Grèce en prenant sur leurs fonds propres. Si demain l’Italie devait faire défaut, le HCSF pourrait décider de bloquer les retraits sur les fonds en euros des compagnies les plus en difficulté, le temps que celles-ci compensent les pertes.