Birmanie

La Birmanie, un pays stratégique en Asie du Sud-Est, mais complexe et paradoxal

Article écrit le 27/03/2021 – Par MINGZI – Crédit photo : 123RF

La Birmanie ou Myanman, « les premiers habitants du Monde », cache derrière l’image touristique ou celle des moines bouddhistes une réalité complexe et souvent violente.

Ses enjeux et défis sont le fruit d’une géographie variée et placée entre deux géants. Ce pays de 52 millions d’habitants est le pays le plus vaste d’Asie du Sud-Est. Il dispose d’une frontière de 2.100 km avec la Chine et de 1.460 km avec l’Inde.

Birmanie.

Un pays très difficile à unir en raison de la diversité des ethnies, des langues et des religions

Depuis l’arrivée des Môns (3.000 avant JC), de nombreuses cités-États se sont construites avec des origines très différentes. Les Pyus qui venaient des montagnes Tibétaines, le royaume Nanzhao d’influence chinoise, les Birmans à partir du IXème siècle, les luttes avec les Mongols au XIIIème siècle pour ne citer que les plus importants.

Si la Birmanie a connu trois unifications (1057 ; 1535 ; 1752) et si les Birmans représentent 57% de la population, 135 ethnies différentes vivent dans ce pays qui est divisé en 7 régions correspondant à 7 races reconnues officiellement. Vivent également en Birmanie 1 million de Chinois et 800.000 Indiens. Si les Bouddhistes regroupent 88% des habitants, le pays est multireligieux et 3 familles linguistiques cohabitent (sino-tibétaine ; austro-asiatique et thai-kadaï).

La parenthèse où la Birmanie est intégrée au Raj Britannique (Inde, Pakistan, Bangladesh, Birmanie) en 1886, précisément le 1er janvier 1886 où ce pays est offert en cadeau de nouvel an à la Reine Victoria, ne change pas le défi de l’unité.

La cohabitation entre toutes ces différences est très difficile et souvent violente. C’est cette histoire qui explique les 70 années de régime militaire depuis l’indépendance en 1948 car l’armée forte de 500.000 hommes se présente comme le garant de l’unité du pays. L’arrivée démocratique au pouvoir de Aung San Suu Kyi (prix Nobel de la paix en 1991) en 2016 n’a pas pu empêcher un nouveau coup d’État en février 2021.

Un pays stratégique entre l’influence indienne et chinoise

L’influence culturelle et religieuse de l’Inde est très ancienne et profonde. Le Bouddhisme en provenance de l’Inde est très présent en Birmanie et c’est le pays qui compte le plus de moines bouddhistes au monde. Cette religion qui prône la non-violence et la tolérance se déchaîne parfois sur les minorités comme les musulmans Rohingyas, ce qui illustre les paradoxes de ce pays.

L’Inde développe également avec son voisin de grands projets économiques comme la reconstruction de la  route Stillwell qui relie l’Inde et la Chine ou les travaux vers Assam.

La Chine est le premier partenaire économique de la Birmanie. Elle finance un immense projet de route ferroviaire (1,3 milliard de dollars) pour relier la province de Yunnan avec l’Océan Indien (Arakan en Birmanie). Cette route est aussi celle d’un pipeline afin de contourner le détroit de Malacca et sécuriser ainsi une autre route d’approvisionnement en gaz et pétrole. Ainsi, la Chine ne condamne jamais les actions de la junte militaire.

Conclusion

Si la Birmanie arrive à unifier son pays pacifiquement, son économie (en général croissance du PIB de 6% par an, PIB 1.300 $ par habitant) est promise à un bel avenir car elle dispose d’un potentiel agricole et de matières premières conséquent, un atout touristique mondial, une situation géographique centrale et une population jeune (27% ont moins de 14 ans).