Hong Kong ou quand des Chinois ne veulent pas être Chinois

Article écrit le 23/08/2019 – Mise à jour le 23/05/2020 – Par Mingzi – Crédit photo : 123RF

Le projet de loi prévoyant de faciliter les extraditions vers la Chine a déclenché il y a quelques mois à Hong Kong un mouvement de contestation d’une grande ampleur. La Chine a décidé il y a quelques jours de resserrer son emprise et d’imposer à Hong Kong une loi sur la « sécurité nationale » visant à interdire « la trahison, la sécession, la sédition (et) la subversion ». Quelles sont les raisons profondes qui expliquent cette crise ?

Traité de Nankin : la cession de Hong Kong

Pour comprendre l’originalité du statut de Hong Kong, il faut remonter à la guerre de l’opium et le traité de Nankin en 1842. La Chine était un empire refermé sur lui-même jusqu’à l’arrivée des pays Occidentaux au XVIème siècle. Le commerce s’est développé régulièrement et les ports chinois se sont ouverts progressivement aux étrangers. Cependant, la Chine ne voyait pas vraiment l’intérêt de commercer avec le reste du monde et quand la Grande Bretagne fit de l’opium un commerce très lucratif, les tensions montèrent jusqu’au conflit. Le décalage de puissance militaire aboutit à la défaite de la Chine et au traité de Nankin qui stipula des mesures juridiques, des indemnités financières, l’ouverture de ports et la cession de Hong Kong.

Un bail de 99 ans

Devenue une colonie britannique définitive, elle se transforma en place militaire et financière. Mais un nouvel accord entre la Chine et la Grand Bretagne après la guerre sino-japonaise en 1894-1895 modifia la présence anglaise en un bail de 99 ans et une restitution à la Chine en 1997.

1 pays 2 systèmes

La restitution en 1997 se fit sur la base d’un accord signé stipulant « 1 pays 2 systèmes ». En clair, pendant 50 ans (jusqu’en 2047) Hong Kong peut rester capitaliste, démocratique et maintenir sa façon de vivre alors qu’un milliard 500 millions de Chinois vivent sous une dictature socialiste.

Un vivre ensemble compliqué car d’un côté, 7 millions de Hongkongais sont bien des Chinois du Sud qui parlent le Cantonais avant de parler anglais mais qui ont adhéré à la culture anglaise pour le business, le droit, la culture, la démocratie, les libertés individuelles et la liberté d’expression. Ils ont fait de Hong Kong une des trois grandes places financières au Monde. Ils n’ont pas l’intention d’abandonner tout cela en 2047 ou avant.

De l’autre côté, la Chine, qui a retrouvé Macao (Portugal), Hong Kong et qui veut réunifier Taiwan ( 24 millions d’habitants). Son immense crainte est celle d’un effondrement brutal identique à celui de l’URSS en 1991, son voisin communiste. Céder aux exigences des habitants de Hong Kong pourrait être le début de revendications incontrôlées et non maîtrisées dans toute la Chine pour plus de libertés et de démocratie. La Chine ne peut donc pas reculer sur le dossier Hong Kong et cela rend la résolution de ce conflit extrèmement diffcile.