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L’arctique – Un enjeu économique glaçant – Épisode 2

Article écrit le 27/06/2021 – Par MINGZI – Crédit photo : 123RF

L’Arctique est en train de devenir, mois après mois, un enjeu géopolitique majeur. Si l’enjeu climatique est très discuté, les enjeux économiques se matérialisent de plus en plus chaque année.

Ce 20 mai 2021, lors de la 12e réunion ministérielle du Conseil de l’Arctique à Reykjavik, en Islande, les Ministres des affaires étrangères des huit États de l’Arctique ont signé la déclaration conjointe de 2021 réaffirmant l’engagement du Conseil à maintenir la paix, la stabilité et une coopération constructive dans la région de l’Arctique, soulignant la position unique des États de l’Arctique pour promouvoir une gouvernance responsable dans la région, et affirmant l’importance de s’attaquer immédiatement à la crise climatique dans l’Arctique. C’est également le début de la Présidence tournante de la Russie qui est un acteur incontournable car la moitié de la population arctique réside en Russie et les côtes russes représentent 53% du littoral.

L’enjeu climatique et environnemental est de plus en plus discuté

Les températures peuvent être très basses : entre 0 et  – 40 degrés l’hiver en moyenne avec un record à Oymyakon en Russie avec – 71 degrés . Dans cette ville, la journée dure 3 heures en décembre et les poissons sont congelés en 30 secondes après avoir été sortis du fleuve.

Durant la période hivernale, la banquise se reconstitue pour atteindre, en mars, une surface un peu supérieure à 14 millions de km2. En été, elle fond et se réduit à moins de 5, voire 4 millions de km2 en septembre. Une tendance qui s’accélère avec le réchauffement climatique.

Selon l’Artic Report Card 2020,  la température  de la surface l’hiver 2019-20 a été 1,3 degré plus chaude que la moyenne des années 1982-2010.

Les modèles prévoient qu’il n’y aura plus de banquise en été entre 2040 et 2060.

Des enjeux économiques qui se matérialisent chaque année

La zone arctique recèlerait plus de 22 % des réserves mondiales d’hydrocarbures non encore découvertes et contiendrait plus de 10 % des réserves mondiales de pétrole et près de 30 % des réserves de gaz naturel.

Les souverainetés nationales sont bien délimitées avec 95 % des ressources situées dans des zones territoriales bien définies. Mais le passage des détroits internationaux peut être sujet à interprétations des textes. Se pose aussi la question de l’extension des zones économiques exclusives (ZEE).

Vladimir Poutine mise beaucoup sur cet eldorado polaire et veut quadrupler, d’ici à 2025, le volume de fret transitant par l’Arctique. Symbole de ces aspirations : la gigantesque usine de liquéfaction de gaz de Sabetta dans la péninsule de Yamal, conçue en collaboration avec la Chine et le groupe français Total. Un investissement de 27 milliards de $ avec 11.000 ouvriers et la création d’un port et d’un aéroport international.

Eviter l’arrivée de la Chine et sa Route Polaire de la Soie

Ce regain d’intérêt s’est matérialisé dès 2004 par la construction d’une station scientifique sur l’archipel norvégien du Svalbard. En 2013, l’Islande devient ainsi le premier pays européen à signer un accord de libre-échange avec Pékin. La même année, la Chine fait son entrée au Conseil de l’Arctique avec un statut de pays observateur.

Des bruits de botte sur la banquise

Sergueï Lavrov, le Ministre russe des affaires étrangères, a ainsi martelé en mai 2021 que l’Arctique était une zone d’influence légitime de Moscou et dénoncé « l’offensive » occidentale dans la région, tandis qu’Antony Blinken, en visite au Danemark, avait pointé du doigt « l’augmentation de certaines activités militaires dans l’Arctique ».

L’amiral Nikolai Yevmenov a mis en avant plusieurs des activités les plus spectaculaires dont l’apparition simultanée de trois sous-marins nucléaires qui ont brisé la banquise et fait surface à 300 m l’un de l’autre. Il a aussi décrit le survol du pôle par des chasseurs Mig-31 qui ont été ravitaillés en vol au-dessus de l’Arctique et un tir de torpille sous la glaceUmka-2021, c’est aussi un exercice terrestre qui a vu le déploiement d’une unité de la nouvelle brigade motorisée de l’Arctique.

Les résultats de ces manœuvres et les performances des matériels utilisés sont jugés satisfaisants par l’état-major russe qui ne cache pas sa volonté de tenir un rôle militaire prépondérant dans l’Arctique. D’autres entraînements de ce type sont à venir, impliquant en particulier les forces navales.

Les USA ont donc riposté en dévoilant leur stratégie arctique et cinq efforts sont annoncés
– améliorer les capacités dans l’Arctique
– être compétitif en renforçant les partenariats avec des forces alliées/amies
– faire face aux menaces
– mettre en place des capacités multi-domaines
– projeter de la puissance en Arctique lors de conflits et de crises

L’Arctique est en train de devenir, mois après mois, un enjeu géopolitique majeur et il n’est pas sûr que les actes suivent vraiment les déclarations.