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Assurance vie : le grand écart des taux ?

Article écrit le 15/08/2022 – Par MINGZI – Crédit photo : 123RF

La poussée de l’inflation a entrainé la hausse des taux d’intérêt et du taux de rendement du livret A. Comment les assureurs vont-ils réagir et quel taux de rendement vont-ils servir sur leur fonds en euros au titre de l’année 2022 ?

La hausse des taux

Afin de garantir le capital et la liquidité à tout moment, les fonds en euros des contrats d’assurance vie sont essentiellement composés d’obligations. Or, le rendement de ces actifs n’a cessé de diminuer ces dernières années : le taux d’emprunt de l’État français à 10 ans (OAT 10 ans) est passé de 3 % en 2010 à – 0,15 % en 2020. Par conséquent, les assureurs ont placé les flux d’épargne investis en fonds en euros dans des obligations aux rendements très bas, entrainant une baisse progressive de la rémunération des fonds en euros (1,30 % en moyenne en 2021 selon l’ACPR).

Ces derniers mois, l’inflation (5,80 % sur les 12 derniers mois selon l’Insee, à fin juin) a entrainé la hausse des taux d’intérêt (l’OAT 10 ans atteignait 2,22 % le 16/06), la hausse du taux de rendement du livret A (qui est passé de 1 % à 2 % le 1er août) et celle des taux de rendement des obligations nouvellement émises.

Quel rendement prévisionnel pour l’assurance vie en 2022 ?

Comment les assureurs vont-ils réagir et quel taux de rendement vont-ils servir sur leur fonds en euros au titre de l’année 2022 ?

Sans action de la part des assureurs, le rendement des fonds en euros ne pourra pas remonter aussi rapidement que celui d’autres actifs sans risque comme le livret A. En effet, les obligations qui composent les fonds en euros ont des échéances longues (8 ans en moyenne) et les assureurs les portent généralement à leur terme. S’ils décidaient de les vendre pour en acquérir de plus récentes (et donc plus rémunératrices), ils feraient une moins-values (les obligations à faible rendement ont perdu de la valeur).

Or, les assureurs pourraient avoir intérêt à servir une rémunération pour leur fonds en euros suffisamment attractive par rapport à celle du livret A pour éviter que les épargnants n’arbitrent leur épargne vers les livrets, ce qui les contraindraient alors à vendre leurs obligations et enregistrer des moins-values.

Pour servir une meilleure rémunération, les assureurs devront très probablement puiser dans leurs réserves. Celles-ci sont plutôt confortables dans la majorité des cas : selon l’ACPR, les assureurs ont mis en réserve l’équivalent de 5,4 points de rendement.

« Notre anticipation de rendement moyen pour les fonds en euros classiques de contrats d’assurance vie individuels se situe dans une fourchette allant de 1,80 à 2%, voire 2,20% » explique Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du prescripteur indépendant d’assurances Good Value for Money dans un article paru dans Capital. « Les bancassureurs, qui ont offert une rémunération moyenne de 0,98% l’an passé, avec des taux parfois à 0,50% ou 0,35% sur leurs vieux contrats, n’augmenteront, eux, pas leurs taux à 2% » ajoute t’il.

Selon cette anticipation, il faut donc s’attendre à un grand écart des taux des fonds en euros en 2022.