Epargne

L’épargne au temps du Coronavirus

Entre confinement et chute des marchés financiers, la crise du coronavirus a suscité des comportements d’épargne inhabituels chez les Français. Liquidités, investissement en bourse, assurance vie … quels ont été les réflexes des épargnants ?

Les liquidités explosent

Avec le confinement, les Français ont été freinés dans leurs habitudes de consommation et leurs projet. Selon une enquête récente de la Banque de France, en mars, les ventes du commerce de détail ont chuté de 24% par rapport à février et la progression des crédits s’est brutalement interrompue. Dans le même temps, le télétravail et les mesures de chômage partiel ont permis à de nombreux ménages de maintenir leurs revenus. Par conséquent, sur le seul mois de mars 2020, ils ont placé trois fois plus d’épargne que d’habitude sur leur compte dépôt et leur livret : selon la Banque de France, le total des dépôts bancaires (y compris les livrets d’épargne) a augmenté de près de 20 milliards d’euros. Cette « épargne forcée » devrait être encore plus importante au mois d’avril. Elle pourrait même être supérieure aux prévisions de l’OFCE qui anticipait 55 milliards sur les huit semaines de confinement. Si l’intégralité de cette épargne était consommée, la contribution de huit semaines de confinement à la dégradation du PIB passerait de 5 à 2 points.

150 000 nouveaux investisseurs sur les marchés financiers

Il semblerait que le confinement et la chute des marchés financiers aient inspiré certains épargnants. L’AMF a observé une activité très soutenue des particuliers sur les marchés financiers au cours de cette période : plus de 150 000 nouveaux investisseurs se seraient lancés en bourse. Les achats d’actions françaises par des particuliers ont été multipliés par 4 par rapport à la période équivalente en 2019, pour un montant net de 3,5 milliards d’euros, dans un marché lui-même marqué par des volumes multipliés par 3.

Ces nouveaux investisseurs sont beaucoup plus jeunes que les investisseurs habituels : l’âge médian est de 48 ans pour clients des banques de réseau (contre 61 ans pour les investisseurs habituels) et de 36 ans pour les clients des courtiers en ligne (contre 49 ans). Les montants investis sont également moins élevés : le montant médian est de 2 900 euros pour les clients des banques de réseau (contre 5 100 euros pour les investisseurs habituels) et de 2 000 euros pour les clients des courtiers en ligne (contre 4 500 euros) .

L’assurance vie en décollecte nette

En mars, l’épargne forcée n’a pas bénéficié à l’assurance vie. Selon la FFA, la collecte nette de l’assurance vie sur le mois de mars 2020 est négative à – 2,2 milliards d’euros, une première depuis le crise grecque de décembre 2011.

Les versements sont en forte diminution (-27% par rapport à mars 2019) : du fait du confinement, de nombreux épargnants n’ont probablement pas pu effectuer les versements qu’ils avaient prévus. La part des unités de compte représentait 35% de la collecte (contre 45% en février). À ce stade, il est encore prématuré d’en tirer des conclusions : il faudra attendre les chiffres des prochains mois pouri savoir si les épargnants ont profité de la chute des marchés financiers pour investir en unités de compte.

Parallèlement, les retraits ont fortement augmenté (+12% par rapport à mars 2019). Pour Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne, « les commerçants, les artisans et les professions libérales qui sont, en moyenne, bien équipés en contrats d’assurance vie, doivent faire face à des pertes de revenus, ne pouvant plus pour un grand nombre d’entre eux exercer leur métier. Cette situation explique également la progression des prestations, certains assurés, pouvant avoir besoin de liquidités pour faire face à des échéances incontournables ». Par ailleurs, du fait du confinement de leurs conseillers, de nombreux épargnants n’ont pas pu ou n’ont pas souhaité effectuer les versements qu’ils avaient prévus.